Cécile Sorel, comtesse de Ségur

La grande comédienne Cécile Sorel est souvent mentionnée pour avoir été cliente des guinguettes de Butry-Plage. Cela semble plausible car Cécile Sorel, née en 1873 et décédée à l’âge de 92 ans, a habité dans les années 30 le château de Méry, sur la rive de l’Oise face à Butry.

La vie de Cécile Sorel est un roman dont un des chapitres se déroule au bord de l’Oise. Jeune comédienne à la Belle Epoque, elle séduit Vladimir Chtchoukine, le collectionneur russe. Comme sa célèbre rivale Sarah Bernhardt, elle entre à la Comédie Française, où elle devient une des plus grandes interprètes de Molière.

Le succès de l’artiste ne diminue pas entre les deux guerres. En 1926, Cécile Sorel épouse un comédien, Guillaume de Sax, dont le vrai nom est Guillaume de Ségur-Lamoignon, arrière-petit fils de la célèbre comtesse des Malheurs de Sophie. La nouvelle comtesse partage donc sa vie entre un hôtel particulier parisien et le château familial de Méry-sur-Oise, situé au fond d’un grand parc, derrière une grille qu’on peut encore voir aujourd’hui.

Dans les années 20, Cécile Sorel est ce qu’on appellerait aujourd’hui une star : elle est adulée par des écrivains comme Gabriele d’Annunzio, Oscar Wilde ou Maurice Maeterlinck, proche de politiques comme Georges Clémenceau, Félix Faure ou Maurice Barrès. Elle se permet toutes sortes d’extravagances qui défrayent la chronique. Sa carrière sur scène s’arrête en 1923 mais elle apparaît dans quelques films, notamment chez Sacha Guitry. Les journalistes du Canard Enchaîné lui ont trouvé un surnom : ils l’appellent « Faux Cils ».

En 1933, nouvelle excentricité de sa part : à l’âge de 60 ans, la comtesse de Ségur-Lamoignon est engagée dans la revue « Vive Paris » du Casino de Paris. Sa descente du grand escalier et sa réplique face à Mistinguett sont restés célèbres. Son « l’ai-je bien descendu ? » est un des grands moments de l’histoire du music hall.

Après ces mythiques débuts au Casino de Paris, la carrière de Cécile Sorel se brouille. Ses accointances avec l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale et un écrit où elle demande l’obtention d’un appartement occupé par des Juifs jettent une ombre sur sa carrière.

A la suite du décès de son mari, Cécile Sorel entre dans les ordres – comme l’avait fait avant elle son aïeule par alliance, la comtesse de Ségur -. Elle prononce ses vœux en 1950. Après avoir consacré ses dernières années à l’écriture de ses mémoires, elle meurt à Trouville-sur-Mer le 3 septembre 1966.

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