Les chasses du prince Murat (1)

On a déjà décrit ici la résidence des Murat à Chambly (Les Murat à Chambly). Lors de leurs séjours à Chambly, les Murat organisaient de grandes chasses à courre à Presles sur l’autre rive de l’Oise. Chasses auxquelles photographes et journalistes étaient conviés.

Le Monde Illustré du 14 novembre 1908 publie un article à la gloire de la chasse à courre intitulé « Un grand équipage de chasse à courre – L’équipage de S.A. le Prince Murat« , que nous avons reproduit dans son intégralité.

Ces premières heures de novembre ont commencé de sonner le glas des cerfs et des sangliers. Pour beaucoup de ceux qui, en dilettanti de l’existence, savent pratiquer le bien-vivre, nous nous trouvons à l’époque la plus agréable de toute l’année. Que sont les autres sports, même les plus amusants, auprès de celui-là, où se réunissent les émotions du jeu et de la guerre, où le plaisir prend des formes si diverses, depuis l’attrait mondain du rendez-vous avec sa réunion pittoresque d’équipages, de cavaliers, d’amazones, jusqu’au triomphe cynégétique de l’hallali ?

Parmi les grands équipages de cerfs qui maintiennent de nos jours le bon renom de la vénerie française, il faut citer celui du prince Murat qui chasse dans la forêt de l’Isle-Adam, en cette magnifique contrée de l’Oise.

Le Monde Illustré, qui a déjà publié la plupart des grands équipages de chasse à courre, ceux du duc de Chartres, de la duchesse d’Uzès, du marquis de l’Aigle, du comte de Chazelles, a pensé qu’à l’occasion de la Saint-Hubert, partout fêtée avec entrain cette année dans les diverses régions de France, il ne déplairait pas à ses lecteurs de voir quelques instantanés de l’équipage du prince Murat qui tient à honneur de suivre les grandes traditions de la vénerie française.

On sait que c’est vraiment jour de liesse, de bombance et de ripaille  que le 4 novembre pour tous veneurs, chasseurs, gardes et piqueurs. S’il est un saint dont la popularité n’ait point subi d’échec à notre époque de scepticisme et d’incrédulité, c’est bien saint Hubert, l’apôtre qui était évêque de Maastricht. Ce jour-là, dès cinq heures du matin, le castel s’emplit de bruit, tout le monde descend dans la cour où des valets attendent, portant des torches que le brouillard nocturne auréole de roux. On entre dans le sanctuaire : un vénérable prêtre officie, derrière lui, se pressent les veneurs debout, la trompe au col, le couteau de chasse à la ceinture. Au dehors, sous le portail, les piqueurs contiennent sous le fouet l’ardeur des chiens couplés et les palefreniers tiennent en main les chevaux fringants. Au moment de la Consécration, vingt trompes sonnent la Saint-Hubert. Le prêtre bénit le pain qui doit, dit-on, pendant l’année préserver les chiens de la rage ; puis il vient, selon l’immémorial usage, bénir les chiens de meute qui courront ce jour-là. Alors, aux encours de l’église, le spectacle féériquement s’anime, et dans la forêt qui s’effeuille, c’est la puissance manifestation de la vie, c’est le bref cinglement des fouets.

A suivre.

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