La folle journée de Valmondois (1)

Peut-on imaginer un ministre se rendre en grande pompe à Valmondois ? Et qui pourrait croire qu’un tel ministre soit accompagné d’une des plus grandes actrices du moment ? Et pourtant, ceci a bien eu lieu à la fin de la Belle Epoque, le dimanche 9 août 1908. Une grande manifestation était organisée pour célébrer le centenaire de la naissance du peintre et caricaturiste Honoré Daumier, mort en 1879 à Valmondois. Une nouvelle cérémonie aura lieu en 2008 pour le bicentenaire mais elle sera bien plus modeste.

En août 1908, un photographe officiel était présent et grâce à sa série d’images éditées peu après sous forme de cartes postales, il est aisé d’avoir une vue complète du déroulement de la journée. 

La cérémonie eut lieu sur la place de la mairie de Valmondois devant le monument à Daumier où une tribune officielle avait été érigée. La journée avait toutefois commencé par l’arrivée en train dans une gare de Butry pavoisée pour l’occasion, du ministre des Beaux-Arts, M. Etienne Dujardin-Beaumetz. M. Dujardin-Beaumetz était lui même peintre, spécialisé dans les sujets militaires depuis son engagement volontaire dans la guerre de 1870. Il fut sous-secrétaire d’état aux Beaux-Arts de janvier 1905 à janvier 1912, dans une fonction qui était un peu l’ancêtre de celle de nos ministres de la culture actuels.

De la gare de Butry, M. Dujardin-Beaumetz fut conduit en landau à la mairie de Valmondois. Le landau ouvert permettait au public de l’époque de voir les officiels lors de leur passage. 

Une série de discours en hommage à Honoré Daumier eut alors lieu devant une assistance très endimanchée.

Parmi les invités, on note aussi à gauche de la tribune, la présence de Berthe Bovy, tout de blanc vêtue. Berthe Bovy est une comédienne un peu oubliée  alors qu’elle était à l’époque une des grandes interprètes de la Comédie Française : créatrice de la Voix Humaine que Cocteau a écrit pour elle, épouse de Pierre Fresnay (qui la quittera pour Yvonne Printemps) et aussi interprète de près de deux cent films. 

Le 9 août 1908, à Valmondois, à l’abri du soleil sous une ombrelle qu’on tenait au dessus d’elle, Berthe Bovy a lu un texte en vers d’Emile Henriot, un poète résidant dans le Vexin, non loin de Valmondois, et dont le père caricaturiste connaissait Daumier. 

Cette cérémonie était un peu formelle jusqu’au moment où Berthe Bovy a éclaté de rire. 

A suivre.

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